Etudier le revenu de base dans le système monétaire actuel n’est qu’un pis-aller pour masquer l’absurdité de celui-ci et n’empêchera pas sa faillite car sa conception assèche inexorablement la masse monétaire consacrée à l’économie, donc aux œuvres sociales de l’état. Pour avoir un sens, le revenu de base doit représenter le revenu minimum vital qui, actuellement, ne peut être inférieur à 1000€. Il est impossible actuellement d’arriver à cette somme avec des impôts; certains proposent des taxations sur les transactions financières, mais c’est accepter cette emprise de la finance sur l’économie. Or, cette emprise n’est possible que parce que la création monétaire des banques centrales est exclusivement au service des banques privées; avec ce système, aucune création monétaire n’est faite dans le circuit économique; pire, l’argent n’étant créé par les banques privées que sous forme de dettes devant être remboursées avec intérêts, même pour l’état, non seulement il n’y a pas création monétaire dans le circuit économique, mais il y a ponction des banques privées dans la masse monétaire du circuit économique: c’est là la principale explication de notre dette abyssale car, pour compenser, l’état doit emprunter toujours davantage et s’endetter toujours davantage. La seule vraie solution pour sortir de ce cercle infernal qui nous fait vivre l’austérité pour essayer de rembourser une dette irremboursable est de remettre la création monétaire de la banque centrale au service de l’état et des citoyens; c’est l’idée du « quantitative easing for people » qui est un début de solution mais ne va pas assez loin: c’est une miette donnée au peuple pour qu’il ne se révolte pas tout en gardant la création monétaire pour des intérêts privés. La création monétaire doit être totalement sous contrôle citoyen et interdite aux banques privées.J’ai étudié dans un autre chapitre ce que pourrait être une « monnaie citoyenne », au service exclusif de l’économie réelle, dans laquelle la création monétaire n’est possible que lorsqu’elle symbolise une richesse réelle vendue: toute richesse vendue crée de la monnaie, toute richesse achetée détruit de la monnaie. La monnaie, en effet n’est qu’un symbole. Elle symbolise la valeur de la vraie richesse que l’on vient de vendre (bien, service, savoir ou savoir-faire, tout ce qui représente un travail) pour nous permettre d’acheter d’autres richesses de valeur équivalente. Créer de la monnaie alors qu’on a rien fait d’autre pour la gagner est l’oeuvre des faux monnayeurs, sévèrement punis lorsque ce sont des particuliers mais tolérés par un état complice lorsque ce sont des banquiers.
Les conséquences en seraient révolutionnaires et permettraient non seulement un revenu de base conséquent mais aussi une liberté d’échanges extraordinaire:
_Tout particulier qui fait spontanément n’importe quel travail, même rendre service à ses voisins, a le droit d’être rémunéré; la valeur de l’échange est estimée de gré à gré, marquée en positif sur le compte du vendeur, en négatif sur celui de l’acheteur. Pour éviter les fraudes, chacun doit certifier ce que fait l’autre. C’est ce qui se fait actuellement dans les SEL et aussi dans les banques mais avec des taxes et des impôts qui n’ont plus lieu d’être, nous verrons pourquoi ultérieurement.
_Les comptes positifs peuvent avoir leur équivalent en monnaie matérielle (billets, pièces), pas les comptes négatifs. Cela évite la création de « monnaie dette » qui est une monnaie que l’on croit posséder mais qui doit être rendue à la banque (toute notre monnaie actuelle est de la monnaie-dette). Les comptes négatifs correspondent à des comptes à découvert qui doivent être autorisés dans certaines limites sans frais (les frais actuels pris sur les découverts par les banques sont un scandale). Nous verrons que le revenu de base permet d’éviter les comptes négatifs.
_Tous ceux qui travaillent pour la collectivité (fonctionnaires, enseignants, personnels de santé, entreprises d’intérêt public) produisent des richesses pour la collectivité, donc c’est à la collectivité de leur rendre d’autres richesses. Comment? On nous fait croire que l’impôt est nécessaire et cela parait effectivement logique si on ne raisonne que sur l’argent: comme ils travaillent pour la collectivité, c’est à la collectivité de payer leur travail. Mais si on raisonne sur ce que l’argent symbolise, les richesses échangées, la solution est tout autre: comme ils donnent des richesses à la collectivité, c’est à la collectivité de leur donner des richesses en retour, celles dont ils ont besoin. On voit alors que l’impôt représente une double peine: il n’y a aucune raison de donner de l’argent à quelqu’un pour qu’il puisse nous acheter; chacun a droit à être rémunéré pour ce qu’il fait. Si la banque centrale est au service de la collectivité, c’est donc à la banque centrale, représentant la collectivité, de payer ces fonctionnaires par création monétaire pour qu’ils puissent acheter dans la collectivité l’équivalent de ce qu’ils ont produit. Et les vendeurs qui n’ont pas à être lésés sur ce qu’ils vendent sont rémunérés à leur juste prix.
(ce système monétaire est expliqué plus en détail dans le chapitre sur la monnaie citoyenne et « comment créer un système monétaire« ).
Mais, même dans un système monétaire démocratique, il est inévitable que les productions de chacun n’aient pas toutes la même valeur, ou que certaines soient très demandées et pas d’autres , ou que certains ne soient pas en capacité de produire quoi que ce soit; le revenu de base permettrait alors de résoudre un certain nombre de ces difficultés .
De plus, nous arrivons à un stade où nous produisons de plus en plus de richesses avec de moins en moins de main d’œuvre : il y a, ou il y aura objectivement pas assez de travail pour tout le monde. Le système actuel oblige chacun à en trouver un coûte que coûte, quitte à surproduire ; un système démocratique peut résoudre ce problème car il nous permet de créer de la monnaie pleine pour quelqu’un qui ne produit rien si la communauté décide de le prendre en charge.
Dans un système monétaire démocratique, créer de la monnaie pour quelqu’un (ou effacer une dette, c’est équivalent), ne coûte rien en monnaie aux autres et leur permet au contraire de s’enrichir.(cela leur coûte en richesse réelle mais leur rapporte de l’argent).Au lieu de raisonner sur l’argent disponible, il convient de se demander s’il y a assez de richesses en France pour satisfaire les besoins fondamentaux de tout le monde et, si oui, comment adapter le système monétaire pour que cela se réalise. Si les échanges de richesses sont possibles, la monnaie citoyenne s’y adaptera automatiquement car ce sont les échanges de richesses qui créent cette monnaie, au contraire de ce qui se fait actuellement.
Cette possibilité de création monétaire modifie complètement toutes les simulations qui ont pu être faites jusqu’à présent, basées uniquement sur une autre répartition de l’impôt dans un système où l’argent est créé et capitalisé par les banquiers et se raréfie inexorablement dans le système économique. Ce revenu remplace toutes les aides existantes actuelles et est obligatoirement entièrement dépensé puisqu’il représente le minimum nécessaire. Par contre, s’ajoutant aux salaires, il va augmenter la masse monétaire qu’il conviendra de réguler; 2 solutions sont possibles:
_Un système d’impôts progressifs pour détruire l’argent créé en trop. La plupart des simulations actuelles accordent un revenu pour tous associé à un impôt important dès le premier gain, de l’ordre de 30% ; cela aboutit à des revenus en augmentation pour les plus pauvres et en légère diminution pour les plus riches. Si S est le salaire et R le revenu, R=7S/10+1000 ; le revenu est en légère augmentation si 3S/10<1000, soit S<3333F et en légère diminution si S>3333F mais cela ne réduit guère les inégalités.
Je proposerais plutôt un SMIG à 1000F (payé par l’entreprise + 1000F de RB, ce qui fait 2000F net) et pas d’imposition pour ceux qui font des « petits boulots » et gagnent moins de 1000F, ce qui évite une grande partie du travail « au noir ». L’imposition ne se fait que sur la partie du salaire qui dépasse 1000F, ce qui donne: R=2000+(S-1000)x7/10 . Les revenus sont plus importants que le salaire jusqu’à 4333F
On pourrait aussi faire un taux progressif. Par exemple, le taux serait de 0% entre 0 et 1 SMIG, 5% entre 1 et 2 SMIG, 10% entre 2 et 3 SMIG, 15% entre 3 et 4 SMIG, …..95% entre 19 et 20 SMIG, 100% au-delà, ce qui ferait un revenu maximum net d’impôts de 10 SMIG .
_Au lieu de mettre des impôts, on pourrait plus simplement convenir d’un revenu maximum interprofessionnel: aucun impôt avant, 100% après. Outre le fait de supprimer les impôts et de donner une liberté d’échange extraordinaire, cela aurait l’avantage de réduire les inégalités tout en laissant aux plus riches un revenu confortable: par exemple, les salaires pourraient être libres dans le privé mais compris dans la fourchette 1000F/10 000F net d’impôts et de la plupart des cotisations salariales puisque les services publics sont financés par création monétaire. Cela ne pénaliserait pratiquement personne puisque, d’après l’INSE, moins de 1% des français gagnent plus de 7350e par mois. Par contre, le revenu limite automatiquement aussi la capacité de capitalisation à 500S (ce que pourrait capitaliser quelqu’un gagnant le salaire S toute sa vie professionnelle, soit 42 ans où 500 mois, et ne dépensant que le minimum vital).). Par exemple, pour un salaire moyen de 2000F (soit un revenu de 3000F avec le RB) il est possible de vivre avec 2000F et de capitaliser 1000F par mois, soit 500 000F dans une vie, ce qui permet d’acheter une belle maison (les crédits immobiliers peuvent être gérés par la banque centrale et gratuits). En vivant plus chichement, la possibilité de capitalisation s’élève à 1M. Même avec un haut revenu, ou un salaire irrégulier qui peut dépasser 10000F par moments (pour les artistes par exemple), personne ne pourrait capitaliser plus de 5M. Ces restrictions ne toucheraient que les plus riches. Pour eux, ces chiffres peuvent paraître faibles mais à quoi peuvent servir des fortunes qui se chiffrent en milliards ? Il faut se rendre compte qu’il s’agit de salaires nets, que les entreprises payeront des salaires moins élevés exempts de « charges » et que le prix de toutes les marchandises devrait considérablement baisser par la réduction drastique de la part du capital et la disparition des intérêts payés aux banquiers. Si on veut un système en équilibre, il faut de toutes façons encadrer les salaires de telle sorte que la masse salariale totale ne soit guère supérieure à la valeur totale des biens produits. Les chiffres actuels sont inutilisables car le PIB intègre les gains spéculatifs qui ne sont pas des valeurs de production. Les propositions précédentes pourraient permettre de démarrer et seraient affinées lorsque les chiffres réels seraient connus.
_La principale critique formulée contre ce système est qu’il va générer une immense inflation en créant trop de monnaie : cette critique est formulée par ceux que l’immense inflation actuelle ne gêne pas car elle permet à la bourse d’atteindre des sommets. Elle n’a pas lieu d’être ici car ce système s’autorégule automatiquement : l’inflation ne peut se produire que si la demande est supérieure à l’offre, les producteurs en profitant alors pour augmenter leurs prix. Dans ce cas, l’état peut intervenir en augmentant la production dans ce secteur par des entreprises d’état aux salaires règlementés : cela empêche que les salaires privés s’envolent. Ce système a effectivement tendance à enrichir tout le monde, mais, comme les revenus et les capitalisations sont limités par un plafond, l’argent sera détruit pour ceux qui le dépassent ; ce sera à la banque centrale de proposer le plafond correspondant au niveau de production du pays qui devra être voté démocratiquement. Au pire ce sont les salaires inférieurs qui augmenteront et dévalueront un peu la monnaie jusqu’à ce que l’équilibre se fasse. Mais, une fois atteint, l’équilibre sera très stable.
Les inflations brutales et catastrophiques ne peuvent se produire que lorsqu’il y a spéculation sur la monnaie quand ceux qui contrôlent les marchés veulent attaquer économiquement un pays dépendant beaucoup de ses importations (comme le Venezuela actuellement). Cela n’est pas possible ici car cette monnaie n’est pas spéculative : sa valeur par rapport à la monnaie d’un autre état est fixée au niveau politique proportionnellement aux Revenus minimum Vitaux de ces 2 pays : si le RmV de l’un est 1000 et l’autre 500, la monnaie du second vaudra 2 fois celle du premier). (On comprend qu’une monnaie commune dans une UE où de telles disparités existent est ingérable). En l’absence de monnaie internationale fiable, ces échanges sont assimilables à des trocs et doivent être équilibrés.
Toutes ces données pourraient être intégrées dans un logiciel qui déterminerait automatiquement chaque mois le revenu de chacun. Il faut pour cela que ce logiciel soit à la fois sécurisé inviolable et transparent pour qu’il y ait contrôle citoyen, et que chaque citoyen ne puisse avoir que 2 comptes nominatifs, un compte courant et un compte d’épargne-capitalisation.(Les « block-chain » sont intéressantes bien que très lourdes mais le bitcoin n’est absolument pas une monnaie démocratique car ses règles de création monétaire ne sont pas les bonnes et sa valeur est spéculative ; le Duniter est une amélioration du Bitcoin mais, là encore, les règles de création monétaire ne sont pas bonnes)). Chaque début de mois, à la réception ou non du salaire, le logiciel ferait le calcul et ne créditerait que la part nette d’impôts ou inférieure aux plafonds.
La principale objection faite au revenu de base est que trop de personnes risquent de se contenter de ce revenu et ne pas vouloir travailler : si on n’a pas besoin d’eux, où est le problème ? L’argument selon lequel celui qui travaille ne veut pas payer pour celui qui ne travaille pas ne tient plus puisque ce n’est pas lui qui finance : l’argent que la société globale a donné par l’intermédiaire de la Banque Centrale aux « fainéants » sert au contraire à enrichir ceux qui travaillent. Et, si on a besoin d’eux, on peut alors donner à l’état le droit de réquisitionner ceux dont la société a besoin. Mais beaucoup voudront vivre mieux que ce minimum et ce sera d’autant plus facile qu’il sera possible de monétiser tous les services qui ne l’étaient pas auparavant. L’argent deviendra si peu contraignant qu’on pourra presque l’oublier.
Un professionnel bien rémunéré qui se retrouve au chômage peut ne pas pouvoir se contenter du revenu de base car il a engagé un train de vie supérieur : il est donc nécessaire de conserver des cotisations complémentaires chômage pour une caisse gérée et alimentée à la fois par les entreprises et les salariés qui lui fournira des allocations complémentaires pour atteindre un revenu équivalent, comme dans le système actuel.
Par contre, d’autres cotisations ne sont plus nécessaires : l’assurance maladie et la plupart des cotisations de l’URSSAF car ceux qui travaillent dans la santé sont l’exemple type de ceux qui travaillent pour la collectivité et sont donc rémunérés directement par création monétaire : nous les payons en les « nourrissant », ce qui nous rapporte. Toutes les allocations pour l’enfance, les adultes handicapés, les aides sociales, l’assurance vieillesse, sont remplacées par le revenu de base.
Resterait seulement :
_A la charge de l’employeur : chômage, accident du travail et éventuellement financement des organisations syndicales.
_A la charge du salarié : chômage et retraite complémentaire.
Plus besoin de TVA ou CSG : ne seraient taxés que les produits dont on veut limiter la consommation : alcool, tabac, essence, …
Libérés de toutes ces charges, les rapports économiques deviendraient beaucoup plus simples, les salaires plus importants et les entreprises plus compétitives, même si la compétition ne serait plus aussi nécessaire car elles seraient protégées par un taux de change douanier. Le but d’une entreprise ne serait plus d’accumuler un maximum d’argent puisqu’il n’y aurait pratiquement plus de spéculation possible et que les bénéfices seraient limités, mais d’assurer la qualité de leur production et les revenus de ceux qui y travaillent.
La vie retrouverait alors tout son sens : chacun ne travaillerait que lorsque cela serait socialement nécessaire et ce sont les citoyens, et non un employeur ou un banquier, qui détermineraient démocratiquement ce qui est nécessaire.
Tout cela peut paraitre utopique mais ne nécessite que 3 conditions réalisables :
_réindustrialiser le pays pour être le plus possible auto-suffisants et protéger nos industries par un taux de change juste.
_récupérer notre banque centrale et notre monnaie propre.
_Réorganiser fondamentalement toutes les institutions pour installer une véritable démocratie qui redonne le pouvoir au peuple. Il est évident que la première étape sera de sortir d’une UE qui nous étouffe et nous détruit.