Les extraordinaires bienfaits d’une monnaie démocratique

 

 Qu’elle soit locale, complémentaire ou nationale, une monnaie démocratique modifie complètement notre rapport à l’argent.

Nous avons pris l’habitude de considérer que la monnaie existe en dehors de nous, est en quantité limitée, et que nous ne pouvons en obtenir que de la part de ceux qui en ont déjà. Tout cela est faux ! La monnaie n’est que l’écriture (ou la symbolisation matérielle) d’ une mesure: elle mesure la richesse réelle (bien, service, travail…..) que nous venons de donner ou de recevoir. Elle peut donc être créée chaque fois qu’il y a un échange de richesses, en positif si nous avons vendu, en négatif si nous avons acheté. Et nous n’avons pas besoin de banquiers pour la créer, nous pourrions la créer nous-mêmes de la même façon que nous écrivons les longueurs, les poids, les volumes,…..Et, de la même façon, nous avons besoin pour le faire d’un étalon et d’un vérificateur pou éviter les fraudes.

Les mètres, balances, et pompes (à essence par exemple) que nous utilisons sont comparés à des étalons définis par l’état et vérifiés régulièrement par des organismes d’état.

La monnaie est difficile à étalonner car le prix des richesses obéissant généralement à la loi de l’offre et de la demande est variable. Elle change également de valeur quand il y a inflation. L’étalon or était surtout intéressant pour les commerçants internationaux mais pas pour les peuples. Pour les peuples, le véritable étalon est le revenu minimum vital. Actuellement, nous étalonnons intuitivement l’euro par exemple sur le prix d’une baguette, ou d’un café.

L’état est censé faire la chasse aux faux-monnayeurs, ceux qui écrivent des chiffres (ou impriment des billets) ne correspondant à aucune richesse échangée. Mais, curieusement, il ne contrôle pas les plus gros faux-monnayeurs que sont les banquiers: en effet, la monnaie que créent les banquiers quand ils font un prêt ne correspond à aucune richesse de leur part. C’est cette escroquerie  qui est à l’origine de l’immense pouvoir que les banquiers ont pris sur les nations et qu’une monnaie démocratique doit corriger.

Il n’est d’ailleurs pas nécessaire que ce soit l’état qui vérifie l’exactitude de l’écriture de la mesure: le mieux placé pour le faire est l’acheteur puisque la même somme lui est débitée. Un logiciel libre peut faire le même travail que les banquiers.

Le problème est plus compliqué pour ceux qui travaillent pour la collectivité: comment la collectivité peut-elle les payer? La solution actuelle est de demander à la collectivité de s’endetter auprès des banquiers et de travailler beaucoup pour rembourser les banquiers plus les intérêts, plus les impôts pour payer les fonctionnaires. Alors que tout devient beaucoup plus simple si c’est la collectivité qui possède la banque centrale et crée la monnaie à laquelle les fonctionnaires ont droit. La collectivité paiera sa dette envers eux non pas avec de l’argent mais en leur fournissant les richesses dont ils auront besoin. L’argent créé n’a servi qu’à mesurer le troc de richesses.

A noter que c’est la collectivité qui doit posséder la banque centrale et non l’état: l’état étant en effet composé de fonctionnaires, il ne peut créer lui-même son propre salaire, la fraude serait trop tentante, il doit être contrôlé par le peuple

Il y a 2 façons de créer la monnaie :

_Soit sous forme d’argent-dette, de l’argent prêté qui  correspondra à une richesse donnée par le vendeur mais pas produite par l’emprunteur et qui doit donc être remboursé par celui-ci. Ceci doit être marginal car l’argent créé sous forme de dette est toujours de la fausse monnaie. Il vaudrait mieux donner directement l’argent au vendeur (comme la banque le fait quand on achète une maison ou une voiture) et inscrire seulement la dette. La dette de l’emprunteur n’est pas envers celui qui a créé l’argent mais envers la collectivité et il doit montrer à celle-ci qu’il peut travailler pour gagner au moins autant que ce qu’il a emprunté.

_Soit sous forme d’argent plein donné par l’acheteur ou créé par la banque centrale pour quelqu’un qui vient de vendre sa richesse.

Nous avons démontré dans le chapitre « comment créer un système monétaire » les propositions suivantes :

_Si l’argent est créé uniquement sous forme d’argent-dette, il ne peut pas être demandé d’intérêts car l’argent des intérêts n’est pas créé et il ne reste plus d’argent en circulation quand tous les prêts sont remboursés. De plus, il est impossible de lever des impôts et de rémunérer ceux qui travaillent pour la collectivité.

_Le banquier central, comme tous ceux qui travaillent pour la collectivité, ne peut donc être rémunéré que par création monétaire pleine puisque l’argent des impôts n’existe pas. C’est le cas des fonctionnaires, enseignants, soignants, services publics. Cette création monétaire pleine remplace la plupart des impôts et taxes. Elle peut aussi être utilisée pour payer des réalisations collectives ou des missions d’intérêt général. La seule condition pour qu’il n’y ait pas inflation est que la communauté soit capable de produire suffisamment pour satisfaire la plupart des besoins de la population. Les impôts n’interviennent que pour redistribuer l’argent de ceux qui deviennent trop riches.

La différence avec notre système actuel est énorme :

_Les créateurs d’entreprise d’utilité publique peuvent obtenir facilement des prêts à taux zéro: c’est le peuple qui choisit dans quoi il veut investir et non les banquiers.

_Tous les services publics peuvent être gratuits sans qu’il soit nécessaire de lever des impôts ou des taxes telles que la TVA, ils sont payés par création monétaire. Ce point est probablement le plus choquant tant il parait juste de payer des impôts pour payer ceux qui travaillent pour la collectivité. L’erreur de raisonnement vient du fait que nous avons pris l’habitude de raisonner d’abord sur l’argent pour faire le lien avec les richesses ensuite alors qu’il convient de raisonner d’abord sur les richesses pour adapter le système monétaire ensuite. Les impôts constituent une double peine car nous payons les fonctionnaires 2 fois : une fois en leur fournissant de l’argent et une autre fois en leur fournissant des richesses en échange de cet argent. (Voir là aussi le chapitre « comment créer un système monétaire »).

_Il en est de même pour les réalisations qui appartiendront à la collectivité : autoroutes, hôpitaux, …Nous payons ceux qui les ont réalisées en satisfaisant leurs besoins et c’est tout.

_Il en est de même pour les missions d’intérêt général : protection de l’environnement, retraites et pensions pour les personnes en difficulté (handicapés, malades, chômeurs).

_L’état peut devenir employeur en dernier recours pour ces missions d’intérêt général.

_Il est même possible, si la collectivité le décide et est assez riche en production de richesses, de financer un revenu de base par création monétaire : cela suppose que la communauté accepte que ce soient les individus qui décident s’ils veulent ou peuvent travailler sans avoir besoin d’une autorité supérieure pour l’accorder. La production devenant de plus en plus robotisée, il deviendra de plus en plus impossible de faire travailler tout le monde et cette solution s’imposera. (Voir le chapitre « revenu de base »)

_Les transactions entre les particuliers sont simplifiées : plus de taxes, la notion de travail au noir disparaît.

_Les relations employeurs-employés sont simplifiées, il n’y a plus de salaire indirect sous forme de « charges » et les entreprises sont plus compétitives.(Il ne resterait que l’assurance chômage et la retraite complémentaire).

On  peut penser que toute cette création monétaire va produire de l’inflation. Mais l’inflation ne se produit que quand il y a trop de demandes par rapport aux offres : les producteurs en profitent alors pour augmenter leurs prix. Ce sera à l’état et à la Banque de gérer l’équilibre pour qu’il y ait suffisamment mais pas trop de monnaie en circulation en fonction des capacités de production; au départ, il y aura beaucoup de création monétaire nécessaire car, actuellement, pratiquement tout l’argent existant est de l’argent-dette qu’il faudra rembourser, mais, plus tard, quand certains accumuleront trop d’argent,  il sera possible de lever des impôts qui viendront en déduction de la création monétaire.

Notre rapport à l’argent est complètement transformé: ce sont les échanges de richesse qui créent l’argent et non le contraire. L’argent n’est plus un but, un instrument de pouvoir, mais le sang qui irrigue la société.

Cet exposé peut paraître incroyable et appelle immédiatement plusieurs questions :

_Pourquoi notre système ne peut pas fonctionner comme cela ?

Parce que nos politiques ont donné la banque centrale à des banquiers privés (ou se sont interdits d’être financés par la banque centrale, ce qui revient au même) : ces banquiers créent de l’argent pour spéculer mais ne créent jamais d’argent pour le circuit économique : ils créent celui qu’ils  prêtent mais demandent d’en rembourser plus qu’ils en ont prêté, ce qui revient à soutirer de l’argent du circuit économique sans jamais en remettre, d’où la dette et l’austérité. (Voir le chapitre  explication de la « crise »). Ce système met les états sous la dictature de quelques banquiers (voir le chapitre « pourquoi nous ne sommes plus du tout en démocratie »)

_Pourquoi les théories des économistes ne disent pas cela ?

Parce que les économistes néo-libéraux se contentent d’étudier les flux financiers sans jamais se poser la question des conditions dans lesquelles la monnaie est créée et de leurs conséquences. La « main invisible du marché » n’est autre que la main cachée de quelques grands banquiers. Des économistes comme Maurice Allais, prix Nobel d’économie, ont bien dit que les banquiers se comportaient comme de faux monnayeurs, mais leur voix a été étouffée.

_Comment en est-on arrivé au système actuel ?

C’est une longue histoire de plusieurs siècles : voir le chapitre sur «  l’histoire de la création monétaire »

_Comment en sortir ?

Ce ne serait pas si difficile si nous élisions des politiques non corrompus déterminés à nous rendre le contrôle de la banque centrale (ce qui suppose de sortir de l’UE) ; voir le chapitre « un monde meilleur est possible avec un système monétaire démocratique »

 

                  Echanges commerciaux avec une autre société

 

Le système monétaire démocratique peut fonctionner sans nécessité de croissance dans une société autosuffisante, mais il n’exclut pas les échanges avec d’autres sociétés.

En l’absence d’une monnaie démocratique internationale, les échanges entre 2 sociétés ne sont que du troc et doivent donc veiller à être équilibrés.

Les 2 sociétés devront trouver un étalon commun (par exemple le minimum vital) pour établir un taux de change. Par exemple, si le revenu minimum vital est 500u dans l’un et 1000v dans l’autre, v=2u

Une monnaie démocratique internationale supposerait de trouver un étalon commun à tous  et, surtout, une banque centrale internationale démocratique, au service de toutes les nations. Cela permettrait des réalisations mondiales financées par création monétaire internationale.

Le dollar ne peut jouer ce rôle car ce n’est pas une monnaie démocratique. Le fait qu’on le lui fait jouer quand même place tous les états qui le font sous la dépendance des banquiers de la réserve fédérale, qui sont des banquiers privés. Avec la banque mondiale actuelle, le monde entier serait sous la dictature de quelques banquiers.

 

  Monnaies locales et complémentaires 

 

Ce sont des îlots de monnaie démocratique dans un système qui ne l’est pas. Il faut créer une banque démocratique de monnaie locale seule habilitée à la créer dans les mêmes conditions que celles décrites plus haut.

Par définition, les productions locales ne sont pas suffisantes pour couvrir l’intégralité des besoins ; donc, seule une partie du salaire, variable pour chacun peut être convertie en monnaie locale.

Pour qu’il puisse y avoir création monétaire, il faut que les producteurs locaux satisfassent aussi une partie de leurs besoins en monnaie locale ; comme ils risquent de vendre plus en monnaie locale que ce qui est nécessaire à leurs besoins, cette monnaie doit être convertible pour eux au taux de 1 pour 1 dans le sens ML-E. (Elle n’est pas convertible dans ce sens pour les seuls acheteurs). Cela limite les possibilités de création monétaire au niveau local à la même quantité que ce qu’il reste de monnaie nationale à la fin de l’exercice. Mais, si, par exemple, les producteurs arrivent à utiliser 10% de la monnaie locale reçue pour leurs besoins, il est possible de créer 10% de ML supplémentaire ; autrement dit, il est possible d’avoir un taux de conversion E-ML de 110% : les acheteurs font 10% d’économie sur leurs achats en ML et les producteurs ne perdent rien.

Cette possibilité ne semble pas être utilisée dans les monnaies locales créées jusqu’à présent qui restent au taux de 1pour1 dans les 2 sens et ne font pas de création monétaire locale. Pourtant, rien ne semble légalement l’interdire.

L’état actuel oblige à garder en euros la même quantité que la ML créée comme « fond de garantie », ce qui est ironique car la vraie garantie d’une monnaie, c’est:

_Qu’elle ne soit pas produite par de faux monnayeurs

_qu’elle garde une valeur stable

_qu’elle ne puisse pas être refusée pour un achat

Donc, ce qui garanti effectivement la monnaie locale, c’est l’engagement des producteurs à l’accepter et l’honnêteté de ceux qui gèrent la banque locale; et cette garantie est bien meilleure que celle de l’euro qui est produit par de faux monnayeurs et risque de s’effondrer sous peu.

Si les producteurs recyclent plus de 10% de ML, il est possible de participer à des prêts à taux zéro pour des créateurs d’entreprise ou de financer en partie ceux qui travaillent pour la collectivité dans des missions décidées collectivement.

 

Les SEL

 

Les Systèmes d’Echange Locaux utilisent une monnaie démocratique convertible seulement dans un sens : on peut convertir des euros en grains, avec la parité que l’on veut, mais pas des grains en euros.

Toutes les créations monétaires internes décrites au début sont possibles : pour rémunérer ceux qui travaillent pour la collectivité, pour des réalisations ou des missions collectives, pour instaurer un revenu de base.

Pour limiter leur portée, l’état interdit l’usage des SEL par des professionnels.

 

Etude complète sur : http://democratie-sociale.fr/dictature-bancaire-ou-systeme-monetaire-democratique-a-vous-de-choisir/

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