Qui peut créer la monnaie et quelles en sont les conséquences

Dans notre exemple, l’organisme émetteur était représenté par une seule personne au service de la collectivité. Dans une société plus grande où il y a plusieurs sortes de banque, cela correspond à la banque centrale. Mais qui possède la banque centrale ? L’état ? Un organisme indépendant sous contrôle démocratique ? Ou un banquier privé ? Nous allons examiner les différents cas.

L’état possède la banque centrale et est seul habilité à pouvoir créer la monnaie

C’est la solution qui parait la plus logique : étant le seul à pouvoir la créer, il maitrise sa fabrication et rend difficile les contrefaçons, il est le mieux placé pour poursuivre les faux monnayeurs, c’est lui qui légifère pour encadrer la monnaie officielle, c’est lui qui paye les fonctionnaires, c’est lui qui devra lever les impôts quand il y en aura. C’était autrefois le principal pouvoir régalien, seul le roi avait le droit de frapper la monnaie. Il semblerait que, dans une démocratie, ce rôle devrait revenir à l’état. Mais il faut que cet état soit démocratiquement très encadré pour ne pas abuser de son pouvoir de création monétaire au profit de quelques ’uns ou pour masquer une mauvaise gestion qui crée trop d’argent par rapport aux capacités de production : cela crée une demande supérieure à l’offre qui a tendance à faire augmenter les prix et produire de l’inflation.( Il faut noter qu’une légère inflation n’est pas très grave : elle déstabilise la monnaie en diminuant sa valeur mais ne pénalise que ceux qui conservent la monnaie au lieu de l’utiliser, qui sont donc trop riches).

Pour éviter ces inconvénients, on peut imaginer

Un organisme public sous contrôle démocratique indépendant de l’exécutif et du parlement

Cet organisme serait soumis aux règles strictes de création monétaire avec une gestion transparente publique. Il ne pourrait fournir de l’argent à l’état et aux particuliers qu’en respectant ces règles et sur mandat citoyen. Le risque que tout ne soit pas transparent serait très atténué 

Un banquier privé se propose d’assurer la fonction de banque centrale

Sa gestion n’étant pas publique, il faut avoir une grande confiance en lui pour qu’il applique strictement les règles de création monétaire.

S’il est honnête, il va ne prêter avec intérêts que son argent plein propre ou une partie de celui de ses clients avec leur accord, prêter par création monétaire à l’état et aux particuliers sans intérêts,  créer gratuitement de l’argent plein pour tous ceux qui travaillent pour la collectivité et uniquement pour ceux-là. Lui-même ne peut se payer que par création monétaire à un tarif raisonnable.

 Mais, si on ne peut faire confiance à l’état, à la comptabilité publique, pour gérer correctement cette création, comment croire qu’un individu privé ne sera pas tenté d’en profiter pour son compte ?

S’il est malhonnête, il va faire croire qu’il prête de l’argent plein même quand il fait de la création monétaire, en profiter pour demander des intérêts dessus, considérer l’état comme un particulier  et lui prêter avec les intérêts de son choix, ne faire aucune création monétaire gratuite pour ceux qui travaillent pour la collectivité mais en faire pour lui pour pouvoir jouer au casino-boursier.

Cette solution parait donc complètement folle car on prend le risque que toutes les règles de création monétaire soient bafouées et que le système devienne ingérable.

C’est pourtant dans ce cas de figure que nous sommes car la plupart des Banques Centrales actuelles sont des banques privées : aux USA la Réserve Fédérale  est en réalité régie par un consortium de quelques grandes banques anglo-américaines privées qui ne prêtent qu’avec intérêts même à l’état ; en Europe, les banques centrales des états sont sous les ordres de la BCE qui, d’après les traités, a interdiction de prêter (et encore moins donner) aux états, ce qui revient au même que la situation américaine. Dans les 2 cas, les états se sont interdits le pouvoir de création monétaire et ne peuvent qu’emprunter à des banques privées qui ont, elles, le pouvoir de création monétaire.

Les conséquences en sont très graves et expliquent complètement ce qu’il est convenu d’appeler la « crise » actuelle qui n’est pas une crise car pas passagère, mais le résultat des contradictions du système. ( voir « explication de la « crise » et « pourquoi nous ne sommes pas en démocratie » )

Mais, forts de toutes les considérations précédentes, quel système monétaire pouvons nous créer qui respecte les règles de création monétaire et une organisation démocratique?

Construction d’un système monétaire démocratique

 

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