Fonction et propriétés de la monnaie

De quelle monnaie avons-nous besoin?

Toute société repose sur la répartition des tâches nécessaires à la vie du groupe , ce qui entraîne la nécessité d’organiser ensuite les échanges.

Une petite société , comme les tribus autrefois, peut se permettre de fonctionner sans monnaie : chacun donne ce qu’il produit à ceux qui en ont besoin. C’est ce que nous faisons avec nos proches : nous ne faisons pas payer nos services sachant qu’ils nous rendront la pareille si nous en avons besoin. C’est le meilleur système économique du point de vue des relations humaines car ce sont les sentiments qui nous poussent à rendre lorsque l’on a reçu.

Nous avons intuitivement besoin de recevoir autant qu’on a donné ou de rendre autant qu’on a reçu, mais la plupart des échanges sont affectifs et ne sont guère monnayables. La monnaie n’intervient que pour les échanges qui nous coûtent affectivement et pour les quels on demande une réciprocité en dépassant (sans le supprimer) l’idée du troc: il suffit de rendre à quelqu’un du groupe, pas forcément à celui qui a donné.

La monnaie dont nous avons besoin peut donc se définir comme un moyen de se souvenir de la valeur d’une  richesse qui vient d’être donnée, (bien, service, temps de travail, transmission de savoir ou de savoir-faire,…….) et dont on souhaite une réciprocité différée dans le temps et l’espace. Elle a pour fonctions de  mesurer la valeur de cette richesse et de conserver cette mesure un certain temps afin de permettre d’acquérir des richesses pour la même valeur.

Conséquences de cette définition :

_En tant que représentation symbolique, sa valeur propre importe peu et elle peut prendre différents aspects : elle peut être scripturale (écrite) ou matérielle ( objet, animal, pièces, billets).( le scriptural s’oppose au matériel et non au fiduciaire comme le disent les économistes ; le fait qu’elle soit « fiduciaire », digne de confiance, dépend de la validité du système et non de la forme de la monnaie).

_La vraie richesse n’est pas la quantité de monnaie que l’on possède mais ce que l’on a donné pour l’obtenir et ce que l’on pourra obtenir avec.

_En tant qu’instrument de mesure, la monnaie doit être étalonnée. Un étalon est une unité certifiée qui sert de modèle à toutes les reproductions qui en sont faites et qui doivent être certifiées aussi: le mètre étalon par exemple était fait dans un métal de faible dilatation exposé à température constante et tous les mètres du commerce doivent avoir la même longueur. Les commerçants qui utilisent des appareils mesurant des longueurs, des poids ou des volumes subissent des contrôles d’état réguliers pour vérifier que les mesures enregistrées sont conformes aux étalons. La monnaie qui mesure la valeur des richesses échangées doit donc être étalonnée sur une richesse de valeur constante . A noter que l’or, qui permettait aux banquiers de créer de la monnaie, n’était pas un étalon mais un créateur de monnaie, une espèce de dieu, et que la monnaie ainsi créée n’était pas une monnaie au sens où nous l’avons définie mais un titre de propriété qui permettait de faire du troc. Le vrai étalon de la monnaie doit donc être une valeur à laquelle chacun peut se référer: à l’époque où le pain était à la base de l’alimentation de presque tous les français, le pain d’un poids donné pouvait être un bon étalon. Actuellement, ce pourrait être un panel d’articles de première nécessité comme celui sur lequel est calculé l’indice des prix (en l’améliorant car l’actuel est pas mal trafiqué pour minorer l’inflation réelle). Ou alors l’heure de travail , comme dans les SELContrairement aux autres étalons, celui de la monnaie ne peut pas être parfaitement constant: cela est dû au fait que la valeur des richesses, soumise à la loi de l’offre et de la demande, n’est pas parfaitement constante. Mais une légère inflation due au mauvais équilibre momentané du système monétaire n’est pas grave si elle s’accompagne d’une réévaluation en temps réel de l’étalon monétaire (en gros si les salaires sont indexés sur l’indice des prix).

_Pour que la monnaie conserve sa mesure dans le temps, il faut donc que le système ne soit pas trop inflationniste. Là encore, une légère inflation n’est pas grave, elle incite à ne pas trop capitaliser en monnaie, la monnaie étant faite pour circuler.  Par contre cela  condamne  la spéculation et le prêt avec intérêts qui sont des manières de modifier la mesure alors qu’aucune richesse nouvelle n’a été produite. A part la religion juive, cela avait été bien compris par toutes les religions à leur début.

_Pour que la monnaie permette d’acquérir des richesses pour la même valeur, il faut un consensus social de confiance dans cette monnaie (qu’elle soit fiduciaire) ou des lois pour qu’elle ne puisse pas être refusée en paiement (qu’elle soit légale). Une monnaie peut donc être légale et fiduciaire mais elle peut aussi  être fiduciaire sans être légale ou légale sans être fiduciaire.

_Pour qu’il y ait un consensus social de confiance dans cette monnaie, il est nécessaire que le système soit sécurisé pour qu’il ne puisse pas y avoir de faux monnayeurs, c’est-à-dire des individus ou des manipulations capables de créer de la monnaie ne correspondant à aucune richesse produite.  Cela condamne  la création monétaire incontrôlée, comme peuvent le faire les banques centrales actuellement ainsi que la création monétaire ex nihilo par le crédit, création par définition de fausse monnaie puisque ne correspondant à aucune richesse effectivement produite. (Nous verrons qu’elle ne pourra être envisagée qu’exceptionnellement, en échange d’une richesse qui sera produite dans un futur déterminé, sans pouvoir donner lieu à intérêts). Il est donc évident dès maintenant que nous avons une monnaie légale non fiduciaire (d’où l’importance de bien définir les mots que l’on utilise: le fait d’appeler fiduciaire la monnaie de banque centrale nous empêche de penser que la banque centrale puisse faire de la fausse monnaie).

Ces considérations, conséquences directes et rigoureusement logiques de la définition de la monnaie dont nous avons besoin et des fonctions qui lui ont été attribuées  vont nous permettre d’analyser différents systèmes monétaires. Le système monétaire  comprend le type de monnaie, matérielle ou scripturale, son mode de création, son mode de conservation, et son mode de circulation. La façon dont cette monnaie circule, qui reflète exactement la façon dont s’organisent les rapports sociaux , dépend du système politico-économique choisi. Nous allons chercher à trouver un système monétaire compatible avec une organisation démocratique tout en montrant que le système monétaire actuel ne l’est pas.

 

  Règles de création monétaire dans une communauté démocratique

 

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