Un état à la fois social et libertaire

Devant toutes les charges que nous impose l’état pour des bénéfices de moins en moins évidents, certains en viennent à vouloir supprimer l’état, comme Javier Milei en Argentine.

Or, en supprimant l’état, c’est à dire toutes les régulations, en imaginant que la loi du marché amènera à un état d’équilibre harmonieux, on ne fait que rêver car la loi du marché peut être très cruelle, les plus forts écrasant les plus faibles sans aucune considération morale, on a vu ce que cela donnait à l’époque du capitalisme sauvage. Le bien vivre dans un pays ne se mesure pas avec le PIB : si le peuple travaille dans des conditions qui le rendent malade et que cela nécessite des soignants et des industries pour le soigner, le PIB augmente, pas le bonheur de vivre.

Ce n’est pas parce que nous avons une mauvaise image de ce que peut être un état en ce moment qu’il faut supprimer toute idée d’état. Nos états actuels ne jouent plus leur rôle de protection de la population parce qu’ils sont corrompus et au service de puissances d’argent étrangères. Si nous reprenons le contrôle de la création monétaire, nous enlevons tout pouvoir à ces puissances néfastes et pouvons réfléchir à quel genre d’état nous voulons créer, un état qui soit véritablement au service du peuple et qui garantisse que la liberté de chacun soit respectée.

Nous avons vu aux chapitres précédents que déjà, grâce à la monnaie SMVE créée par l’état ou les usagers, l’état n’est plus une charge financière mais un pourvoyeur de travail et d’argent, ce n’est plus un collecteur d’impôts mais un consommateur des productions, il n’est plus à imposer ses lois mais à obéir aux nôtres.

Nous avons vu également dans le chapitre « échanges et monnaie » que c’était l’organisation sociale qui décidait de l’organisation économique et non le contraire.

Il faut donc commencer par décider de l’organisation sociale que nous souhaitons avant de construire le modèle économique correspondant. Nous avons vu au chapitre précédent une forme d’organisation sociale réellement démocratique, nous allons essayer de trouver l’organisation économique correspondante qui donne le maximum de liberté à chacun en considérant que ce sont les échanges qui doivent créer la monnaie et non le contraire.

Conditions de départ :

_Les échanges sont libres et de gré à gré : c’est le producteur qui décide de la valeur de l’échange et du prix de son heure de travail puisque la monnaie SMVE est étalonnée sur le temps de travail multiplié par un coefficient personnel dépendant de la qualification ( à voir si on décide d’un minimum et d’un maximum ou pas). Il parait donc normal que ce soient ceux qui échangent qui créent et détruisent la monnaie en fonction de leur accord.

_Les échanges ne donnent lieu à aucun impôt ni taxe systématique (on peut imaginer des taxes sur certains produits dont on veut limiter la consommation, des produits importés par exemple pour protéger les productions nationales).

_Tout le monde n’a pas les mêmes besoins d’échanges et donc d’argent : celui qui vit presque en autarcie n’a pas besoin de gagner autant que celui travaille qui travaille tout son temps dans un domaine très spécialisé et doit se fournir chez les autres pour assurer ses besoins. La part de travail que l’on fait pour soi n’a pas besoin de monnaie alors que celle qu’on fait pour les autres en a si ce travail nous a coûté de le faire. Imaginer le même revenu pour tous n’est pas réaliste .

_Il faut favoriser la liberté d’entreprendre 

_Il faut empêcher que ceux qui ne produisent rien soient en position de soumettre ceux qui produisent à leur volonté, donc limiter le doit de propriété à la propriété d’usage.

_Permettre le droit au logement et à la nourriture pour tous.

Comment faire entrer nos désirs d’organisation sociale dans le système économique ?

Pour bien comprendre pourquoi nous n’avons plus besoin d’impôts et taxes, il faut comprendre que dans le système actuel, pour nourrir ceux qui travaillent pour nous, nous travaillons 2 fois pour rien : une fois pour gagner l’argent des impôts, une autre fois pour les nourrir avec l’argent que nous leur avons donné : autant les nourrir gratuitement. Mais ce n’est pas à nous de dire jusqu’à quelle hauteur nous pouvons les nourrir, c’est à l’état, et l’état maintenant peut le faire par création monétaire qui ne fera que déterminer la valeur à laquelle ils ont droit.

De la même façon, si nous décidons collectivement de faire de grands travaux non rentables financièrement mais importants pour la qualité de vie, par exemple au niveau écologique purifier l’eau des rivières, nous pouvons payer ceux qui vont y travailler par création monétaire car ils seront nourris par les producteurs du pays. Il y a donc besoin pour cela d’une banque centrale gérée collectivement.

Cette façon de faire permet d’introduire directement de la monnaie pleine dans le système de façon cohérente puisque correspondant à un travail. Cette monnaie ainsi créée sans dette va s’écouler vers ceux qui produisent pour finalement se répartir sur tous. Cela va booster l’économie du pays. C’est comme cela qu’Hitler a pu redresser l’économie allemande après la guerre de 14/18. L’inconvénient est que cela augmente constamment la masse monétaire : c’est parfait au début ou en période de récession mais il y a un moment où il faudra créer un trop-plein pour que ce qui déborde serve à diminuer la masse monétaire créée. Ce trop plein peut être un impôt progressif sur les hauts revenus ou la création d’un revenu maximum autorisé associé à un capital maximum autorisé. La création monétaire s’arrêtera automatiquement lorsque tout le monde aura atteint le revenu maximum autorisé.

Il y en aura toujours qui ne pourront pas équilibrer leurs échanges, les malades, chômeurs, handicapés par exemple. Pour ceux-là, il faudra envisager un don, un revenu de base financé par création monétaire, qui demandera un peu plus de travail aux producteurs, mais rémunéré.

Exemple chiffré :

Supposons que nous mettons en place une monnaie SMVE étalonnée sur le temps de travail, de valeur équivalente à l’euro actuel, notée e.

La valeur de l’heure de travail, décidée par le producteur ou par la communauté pour ceux qui travaillent pour elle, peut varier sur une échelle de 1 à 10, disons pour simplifier entre 10 et 100e.

Pour un travail à temps plein de 30h par semaine (on pourra de façon certaine travailler moins pour gagner plus), le salaire mensuel peut varier de 1200e à12000e. Notons qu’il n’y a pas d’impôts ni de TVA là dessus, ce qui correspond à des salaires actuels de 1440€ à plus de 20000€

Supposons que l’on évalue le Revenu minimum Vital à 1000e distribué à tous sous la forme d’un revenu de base inconditionnel : cela règle le problème de ceux qui ne peuvent pas produire (handicapés, chômeurs, malades,…) et porte le SMIG à 2200e.

Le RMA induit forcément un Capital Maximum Autorisé : celui que l’on peut accumuler en vivant avec le RmV toute sa vie active et en capitalisant son salaire, soit environ 500 fois le RMA, soit 6 000 000e. Cette somme inclus la valeur de la maison, des outils de travail, et l’argent épargné. Elle est largement suffisante pour la grande majorité d’entre nous.

Comment évoluent les cotisations qui grevaient le revenu brut :

_Les cotisations sociales payaient des personnes qui sont au service de la collectivité et qui peuvent donc être payés par création monétaire.

_Les cotisations chômage sont prises en charge en partie par le RmV. Ceux qui sont habitués à un salaire très supérieur et souhaitent des indemnités de chômage plus importantes doivent souscrire à une assurance chômage complémentaire.

_Idem pour les retraites : prendre une complémentaire retraite si le RmV ne suffit pas (tout le monde à ce stade doit pouvoir être propriétaire de son logement).

Certains vont dire que l’état en prend trop à sa charge, d’autres pas assez. En fait la quantité de monnaie pouvant être créée sans créer d’inflation dépend des capacités de production du pays. Nos gouvernements depuis des dizaines d’années s’évertuent à détruire nos capacités de production, les prévisions actuelles pour redémarrer sont donc minimalistes mais il est certain que cela va faire redémarrer l’économie interne très fort et que tout ce qui précède pourra être calculé avec des chiffres plus précis au bout de la première année. Les chiffres donnés par le système actuel ne sont guère utilisables.

La grille des salaires de ceux qui travaillent pour l’état, préparée par des commissions interprofessionnelles, doit être votée par référendum, en particulier pour les politiques : il est anormal qu’ils puissent se voter eux-mêmes leurs propres augmentation de salaire. Leur salaire devrait se situer au niveau du salaire médian (autant de personne qui gagnent moins que de celles qui gagnent plus), ce qui les motiverait à travailler pour l’ensemble du peuple et non pour les plus riches.

Droit au logement

Si nous pensons que tout le monde a droit à un logement, quelle que soit sa situation, il faut en donner les moyens à tout le monde : cela pourrait se concrétiser par le don de la valeur d’un logement correct pour toute personne le demandant lorsqu’elle est dans la vie adulte. Si elle souhaite un logement de plus grande valeur, elle peut prendre un prêt d’état sans intérêt.

Par contre, à son décès, les héritiers lorsqu’ils le vendront s’ils n’y habitent pas devront rendre à l’état la valeur donnée au départ.

Droit au don des outils de travail

Les compagnons autrefois pouvaient faire don de leurs outils de travail à ceux qui prenaient leur place. Il semblerait logique que l’outil de travail puisse se transmettre gratuitement par héritage ou bénéficie sinon d’un prêt gratuit.

Cas des entreprises :

Le fonctionnement de la monnaie SMVE exclu son utilisation dans la finance : il est en effet exclu qu’une mesure ne soit pas fiable et puisse changer de valeur. La finance actuelle n’existe que parce que les banquiers ont donné arbitrairement à leur monnaie sans valeur une valeur propre artificielle. Quand on sait que 95 % de la monnaie actuellement créée sert uniquement dans la finance, on voit l’ampleur des économies que nous allons faire. Il fut un temps où la finance a pu aider l’économie dans le système capitaliste, mais actuellement c’est le contraire, la finance pompe l’économie. Exit donc les actionnaires financiers, nous n’en avons plus besoin car l’état peut prêter à taux zéro. Revenons à la propriété d’usage : une entreprise ne peut appartenir qu’à ceux qui y travaillent.

Celui qui veut créer une entreprise a droit au démarrage à des prêts gratuits et est propriétaire de cette entreprise tant qu’elle n’atteint pas une valeur trop importante à déterminer. Le patron touche son salaire dans les limites autorisées mais ne possède pas les bénéfices qui, s’ils ne sont pas réinvestis doivent être répartis entre les salariés en fonction de leur salaire ou sinon placés dans une caisse de secours qui pourra être utilisée en cas d’année déficitaire. Les salariés peuvent avoir des parts et bénéficient aussi de prêts à taux zéro pour acquérir ces parts. Lorsque le fondateur quitte son entreprise, il ne peut vendre que ses parts, à ses employés ou à un repreneur uniquement si celui ci prend sa place et est accepté par les salariés. S’il part en retraite, un héritier direct hérite sans frais uniquement s’il y travaille, sinon c’est l’ensemble des salariés qui héritent, également sans frais (autres que les frais de notaire). On peut aussi imaginer qu’il puisse choisir un héritier hors de sa famille si celui-ci est accepté par les salariés.

Ainsi l’entreprise appartient toujours de fait à ceux qui y travaillent.

Dans le cas d’une propriété agricole reprise par le fils quand son père atteint l’âge de la retraite, le père garde la propriété de sa maison mais ne peut garder celle de la ferme dont le fils hérite sans frais. Si aucun héritier direct ne veut reprendre la succession, il doit choisir un héritier hors du cercle familial, sinon la ferme revient à l’état qui la redistribue à des postulants fermiers  selon le même principe que pour la maison d’habitation: don d’une valeur moyenne (remboursable au moment de la transmission) et prêt gratuit pour le complément.

Pour empêcher à la fois la bureaucratie de l’état et la prise de pouvoir du privé sur le public, il y aura dans tous les domaines une saine concurrence entre les entreprises publiques, à la gestion transparente et non alimentée par création monétaire, et le privé. Si le privé peut faire mieux que le public, il gagnera mieux mais pas dans des proportions énormes.

Par contre, tout ce qui sert à organiser la vie en société, comme la monnaie, les routes et autoroutes, la distribution de l’électricité, du gaz, des télécommunications, de la nourriture, doit être sous le contrôle de l’état.

Utopique ce programme? C’est à nous de le décider! la transition est possible si nous le voulons.

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