En fait, nous appelons « monnaie » 2 concepts différents et incompatibles :
La monnaie des banquiers, à l’origine basée sur l’or, n’était qu’un titre de propriété permettant de faire du troc : elle valait un certain poids d’or et on échangeait donc une richesse réelle contre une richesse réelle. Cette monnaie ne pouvait être créée que par (ou pour) celui qui détenait l’or et pour en bénéficier, le peuple devait commencer par travailler pour ceux qui en possédaient avant de pouvoir échanger en interne. Ce sont ceux-là qui décident alors avec qui ils veulent commercer et quels sont ceux qui peuvent devenir riches . Cette monnaie met automatiquement en dépendance la partie du peuple qui ne possède pas d’or envers celle qui en possède (les seigneurs, les rois, puis les banquiers). De plus, en tant que richesse réelle, elle est spéculative et peut changer de valeur suivant l’offre et la demande. (Voir « histoire de la création monétaire« ).
La monnaie que nous utilisons pour commercer entre nous n’a pas besoin de valoir de l’or pour remplir sa fonction et doit symboliser non pas une richesse possédée mais une richesse vendue: il est important qu’elle symbolise une richesse réelle mais tout ce que nous échangeons (bien, service, travail,…) est une richesse réelle et elle ne fait qu’écrire ou symboliser matériellement leur valeur. Le seul impératif est que cette écriture soit fiable (nous utilisons tous la même unité étalonnée et écrivons une valeur juste) et acceptée par tous. N’importe quoi qui remplit ces conditions peut servir de monnaie et il y en a eu de toutes sortes chez les peuples avant la domination de la monnaie-or. Cette monnaie par contre, pour être fiable, ne doit pas changer la valeur initiale et ne peut pas être spéculative.
Faire jouer les 2 rôles à une même monnaie est donc source de contradictions, ce qui explique en partie les crises périodiques du capitalisme. L’apogée de ces absurdités a été atteint lorsque la monnaie n’a plus été basée sur l’or tout en continuant à la produire comme si elle l’était : les banques créent maintenant lorsqu’elles font du crédit une monnaie qui n’est rattachée à aucune richesse réelle, ni possédée, ni échangée. Autrement dit, elles font de la fausse monnaie. Nous ne nous en apercevons pas car l’état est complice de cette escroquerie en nous obligeant à l’accepter en paiement : or un faux billet qui est accepté en paiement circule exactement comme un vrai ; la différence n’est pas visible par un particulier mais elle enrichit indûment celui qui triche et a des répercussions au niveau global.
La deuxième arnaque consiste à ne créer de la monnaie que pour des crédits : comme toute la monnaie en circulation est créée lors de crédits, cette monnaie que nous avons gagnée honnêtement et que nous croyons posséder ne nous appartient pas : elle doit être rendue au banquier qui l’a créée (ce n’est pas celui qui la gagne qui la rendra, elle a été créée pour quelqu’un qui a fait un crédit, et doit être remboursée ; c’est globalement le pays tout entier qui est en dette de tout l’argent qui circule ; voilà pourquoi nous atteignons une dette équivalente au PIB. Et comme l’argent des intérêts n’a pas été créé, nous devons emprunter à nouveau pour les payer ; cela explique la nécessité d’une croissance permanente pour que le système ne s’écroule pas.
Si la monnaie n’est plus « titre de propriété » et adossée sur l’or, plus rien ne justifie que ce soient les banques qui la créent, nous pouvons la créer nous-mêmes en l’adossant à la richesse que nous vendons, de la même façon que nous écrivons nous-mêmes le nombre d’unités de ce que nous mesurons en général. Bien sûr, nous n’avons pas le droit d’écrire n’importe quoi et de tricher en écrivant une valeur supérieure . Comme la valeur des richesses obéit à la loi de l’offre et de la demande, personne n’est mieux placé pour vérifier l’exactitude que l’acheteur car, pour lui, son compte sera débité de la même somme (il détruit de sa monnaie). C’est exactement ce qui se passe sur nos comptes en banque : en réalité l’argent ne passe pas d’un compte sur un autre, il est créé sur l’un et détruit sur l’autre. Il n’y aurait donc pas de différence d’usage pour les particuliers avec une telle monnaie-mesure ; la différence serait que nos comptes ne seraient pas sur des banques privées mais sur une banque centrale d’état qui nous appartiendrait et cela changerait beaucoup de choses : c’est nous qui déciderions à qui nous pouvons prêter de l’argent, pour quel projet, et, si nos capacités de production sont suffisantes, nous pourrions même éviter des impôts en payant ceux qui travaillent pour la collectivité par création monétaire : cela parait curieux tant nous sommes habitués à ne raisonner que sur l’argent, mais l’existence de la monnaie n’empêche pas le paiement « en nature » : nous payons ceux qui travaillent pour nous en leur donnant ce dont ils ont besoin et l’argent créé sert seulement à mesurer ce à quoi ils ont droit. De plus, cette monnaie créée n’est pas inflationniste car elle correspond exactement à la production disponible. Lorsque nous payons des impôts dans le système actuel, nous travaillons 2 fois trop : une fois pour gagner l’argent des impôts, une deuxième fois pour nourrir (au sens large, satisfaire les besoins) ceux à qui nous avons donné de l’argent. Les impôts avaient été institués par les puissants au temps de la monnaie-or pour récupérer une partie de l’or qu’ils avaient distribué.
Et, de la même façon, rien ne nous interdirait de financer ainsi les services publics, les grands chantiers (construction d’autoroutes, d’hôpitaux, grands chantiers environnementaux,…), tout cela sans nous endetter et sans se poser la question du financement.
Le véritable souverain d’un pays étant celui qui crée sa monnaie, ce serait enfin le peuple qui serait souverain, première étape fondamentale pour une véritable démocratie.
Le détail du fonctionnement de cette monnaie est expliqué dans le chapitre « la monnaie pleine citoyenne ». Il est important que cette banque centrale soit sous le contrôle direct des citoyens et non de l’état car c’est au peuple de décider du salaire des politiques et ce dans quoi il veut investir.