Lors de la prise de pouvoir de la bourgeoisie et des banquiers sur la royauté en 1789, la république installée n’a jamais voulu être une démocratie, de l’aveu même de l’abbé Sieyès : « Les citoyens qui se nomment des représentants renoncent et doivent renoncer à faire eux-mêmes la loi ; ils n’ont pas de volonté particulière à imposer. S’ils dictaient des volontés, la France ne serait plus cet État représentatif ; ce serait un État démocratique. »
« Le peuple, je le répète, dans un pays qui n’est pas une démocratie (et la France ne saurait l’être), le peuple ne peut parler, ne peut agir que par ses représentants. »
Nous en sommes toujours là et la plupart des « représentants » que nous élisons appartiennent à la même caste (pour ne pas dire la même secte) et se répartissent dans une fausse séparation des pouvoirs : ce sont eux qui écrivent la constitution censée les contrôler, ce sont eux qui siègent au conseil constitutionnel chargé de veiller au respect de cette constitution, ce qui permet à l’exécutif de la violer impunément; le parlement est devenu une chambre d’enregistrement des lois imposées par l’exécutif et la justice faussement indépendante, déjà soumise à l’exécutif par les procureurs et le contrôle des carrières des juges, a été officiellement mise sous tutelle du gouvernement par Emmanuel Valls. Cette fausse séparation des pouvoirs qui a pu faire illusion au début montre aujourd’hui son vrai visage de dictature.
Et cette dictature en cache une autre, à l’œuvre depuis beaucoup plus longtemps, car elle possède le pouvoir suprême, plus fort que celui des gouvernements : le pouvoir de création monétaire. Comme l’a bien compris Mayer Amschel Bauer, qui se fit par la suite appeler Rothschild, celui qui crée la monnaie d’un état contrôle en fait cet état : en l’endettant, il oblige tout le pays à travailler pour lui et il ne prête qu’à celui qu’il veut, aux conditions qu’il veut, pouvant imposer des politiques d’austérité sociale et des choix stratégiques aux gouvernements.
Tout cet argent gagné impunément permet aux grands banquiers d’investir où ils veulent, dans l’armement contre les peuples plutôt que dans la protection de la nature, et de corrompre pratiquement toutes les institutions à visée démocratique. Notre malheur a voulu qu’ils utilisent cette puissance pour vouloir amener l’humanité à sa perte et si nous en réchappons, ce sera grâce aux courageux qui osent s’opposer à leur pouvoir.
Si nous en réchappons, il ne faudra pas refaire la même erreur de revenir à un système républicain vicié à la base, qui a oublié de tenir compte du pouvoir de création monétaire et n’a donné aucun moyen au peuple de contrôler les différents pouvoirs : il va falloir essayer de fonder une véritable démocratie.
Etymologiquement, « démocratie » vient du grec (démos-Kratos) et veut dire « gouvernement du peuple » ou, comme l’a affirmé Lincoln : « gouvernement du peuple, pour le peuple, par le peuple »
Il est évident que cette formule ne peut pas s’appliquer littéralement : le peuple est constitué d’individus aux préoccupations et intérêts multiples, il a besoin d’être organisé et tous ne sont pas capables d’être des organisateurs. Il faut donc des organisateurs compétents. Mais le peuple est capable de sentir si ces organisateurs travaillent dans son intérêt ou pas ; il faut donc qu’il ait le pouvoir de les choisir, de les mandater et de les révoquer.
Ce qui se rapprocherait le plus d’une démocratie serait donc une organisation sociale où tous ceux en position de responsabilité et de pouvoir par rapport aux autres puissent être choisis, mandatés et révocables par ceux sur qui ce pouvoir s’exerce. Nous allons examiner comment cela est possible dans les principaux pouvoirs en commençant par le plus important, celui qui conditionne tous les rapports sociaux : le pouvoir de création monétaire.
Nous avons démontré dans l’article sur « les différents systèmes d’échange avec ou sans monnaie et leurs implications socio-économiques » que l’on nous impose depuis des millénaires une monnaie adossée à des richesses réelles qui nous oblige à faire seulement du troc et nous rend complètement dépendants de ceux possédant cette richesse, les rois d’abord puis les banquiers. Et cette arnaque a continué même lorsqu’il n’y avait plus aucune richesse réelle derrière ce qu’ils imprimaient ou écrivaient. Or la monnaie dont le peuple a besoin pour mesurer la valeur des échanges économiques n’a pas besoin d’être adossée à une richesse réelle, elle n’est que l’écriture ou la symbolisation matérielle de la mesure d’une richesse réelle vendue et non possédée ; de plus cette monnaie permet de dépasser le troc pour mutualiser les échanges : celui qui donne n’a pas besoin que ce soit celui qui a reçu qui rende, ce peut être n’importe qui de la communauté. Seule une monnaie de type communautaire permet au peuple de créer sa monnaie au fur et à mesure de ses besoins et de choisir où le pays va investir : il faut donc pour cela qu’il soit propriétaire de sa banque centrale et vote le budget directement, pas par l’intermédiaire de « représentants » qui seraient en conflits d’intérêts en votant leur propre salaire. Bien sûr le budget doit être préparé par des commissions compétentes mais il est parfaitement possible avec les moyens modernes d’organiser un vote national point par point.
Voici par exemple une organisation socio-économique possible avec une monnaie communautaire :
Tous les citoyens ont un compte sur la Banque Centrale et en sont co-propriétaires.
La Banque Centrale est seule habilitée à créer la monnaie, de façon scripturale ou matériellement avec pièces et billets. Cette monnaie est étalonnée sur le temps de travail.
Elle la crée automatiquement et gratuitement lors des échanges sur le compte du vendeur ; la transaction est sécurisée par l’acheteur qui est débité de la même somme. (C’est exactement ce qui se passe quand on paye actuellement par carte bleue mais on fait croire que c’est une richesse qui passe de l’un à l’autre alors que c’est faux : la monnaie est créée sur un compte et détruite sur l’autre).
Pas de différence apparente pour l’utilisateur donc, la différence se trouve dans la création initiale de la monnaie. Cette création initiale se fait maintenant, toujours gratuitement et sans dettes, pour payer ceux qui travaillent pour la communauté (enseignants, soignants, fonctionnaires, politiques, …) ou pour des projets d’intérêt général décidés par la communauté. Et c’est l’assemblée générale des co-propriétaires, cad le peuple, qui doit donc décider du budget de l’état.
A noter que, dans ce système, il n’y a pas besoin d’impôts ni de taxes pour payer ceux qui travaillent pour la communauté : la communauté les paye en les nourrissant (au sens large, en satisfaisant leurs besoins) à la hauteur du salaire créé pour eux. C’est exactement ce qui se passerait s’il n’y avait pas de monnaie. Comme nous l’avions vu précédemment, l’impôt représente une double peine car le peuple doit travailler 2 fois : une fois pour les nourrir et une deuxième fois pour gagner l’argent qui va servir à payer ce qu’il leur donne.
La monnaie communautaire permet de raisonner d’abord sur les échanges que l’on désire avant de les mesurer en monnaie ; contrairement à la monnaie souveraine qui exige de savoir d’abord comment se procurer l’argent avant d’envisager les échanges.
De la même façon, le peuple peut maintenant décider de financer des projets écologiques non rentables financièrement, des services publics, un revenu de base et, pourquoi pas, le don d’une habitation et de ses premiers outils de travail pour toute personne qui rentre dans la vie active.
Le second pouvoir important est celui de voter à une large majorité une constitution, ou une charte des valeurs communes : c’est ce qui soude l’identité nationale. Elle doit être compréhensible par tous de façon que chacun puisse se l’approprier.
Si chacun peut se l’approprier, le conseil constitutionnel chargé de vérifier que les lois y sont conformes, peut être constitué de simples citoyens tirés au sort.
De même, la justice, qui est un sens inné, n’a pas à être faite uniquement par des juges « professionnels » : il pourrait y avoir des juges régionaux élus chargés d’arriver à une conciliation dans les affaires courantes et, en appel, ceux-ci devraient être toujours assistés d’un jury constitué de citoyens tirés au sort. Le code civil peut se résumer à la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen : les êtres humains sont libres et égaux en droit ; amputer un être humain d’une partie ou de toute sa liberté ne peut être fait que s’il est clairement prouvé qu’elle nuit à autrui, au groupe, à l’humanité ou à ce qui permet la vie sur terre et la sanction doit avoir valeur proportionnée de réparation et réhabilitation (laissée à l’initiative du jury, pas seulement toujours amende ou prison).
C’est la justice qui doit mandater la police.
Reste le pouvoir de faire les lois : il ne doit pas être réservé à quelques-uns. Il semble possible que les projets de lois soient préparés par des commissions citoyennes et présentés au vote national s’ils recueillent un nombre suffisant d’approbations.
L’exécutif au niveau national n’a qu’un rôle de coordination et doit être élu poste par poste en fonction des compétences et non par appartenance à un parti (les partis n’auront plus lieu d’être).
Le pouvoir d’informer, qui a montré à quel point il pouvait être nocif lorsqu’il était soumis à un pouvoir central doit être libre et donc ne peut être choisi et financé que par ceux à qui ils s’adressent.
Ne reste plus qu’à voir comment tout cela peut s’organiser à travers par exemple la vie de M.Martin dans notre future démocratie.