Le capitalisme US est le grand responsable du désordre mondial

  

Les colonisateurs de l’Amérique y ont importé le capitalisme européen en le rendant encore plus sauvage : dans l’Espagne de Christophe Colomb, la noblesse représentant 2% de la population possédait 95% des terres ; en Amérique, les colons s’emparèrent des terres des indiens et firent de ceux qui les avaient accueillis en offrant eau, nourriture et présents, des esclaves. Les indiens se montrant mauvais esclaves, pas assez résistants, se suicidant ou se révoltant, ils les massacrèrent par milliers, ce fut un véritable génocide. (Entre 1494 et 1508, trois millions d’individus ont été victimes de la guerre, de l’esclavage et du travail dans les mines). Et c’est en Afrique que l’on alla chercher des esclaves noirs que l’on traita avec la même cruauté.

Les premiers arrivés ou les plus malins ou les mieux placés dans la hiérarchie sociale s’approprièrent d’immenses terres au sud sur lesquelles ils faisaient travailler des esclaves tandis qu’au nord ce sont les banquiers et les grands industriels qui prirent le pouvoir. Le racisme permettait de maltraiter les noirs considérés comme une race inférieure donc méprisable (pourquoi inférieur serait-il synonyme de méprisable ?) mais les blancs  pauvres n’étaient guère mieux traités avec des conditions de travail très dures et des salaires très bas. La plupart des nouveaux arrivants étaient des pauvres croyant fuir la pauvreté mais qui devaient signer pour payer leur voyage des « contrats » les soumettant complètement à un « maitre » pendant de longues années et celui-ci, fort de son impunité dans les cours de justice, ne les traitait guère mieux que les esclaves. Et, plus tard, l’abolition de l’esclavage fut surtout symbolique car il a été remplacé très rapidement par une autre forme d’esclavage : l’esclavage économique, travailler 12 à 13h par jour pour un salaire de survie comme cela se pratiquait déjà au nord chez les grands propriétaires avec le « métayage ». C’est cette classe de puissants qui dirigea effectivement le pays et fit faire aux pauvres (qui rechignèrent et ne gagnèrent que grâce à l’appui des Français) la guerre d’indépendance pour s’affranchir de la tutelle Anglaise. Elle occupa les postes de responsabilité et rédigea la constitution et des textes de lois faites pour eux : seuls les propriétaires avaient droit de vote (ce qui excluait les noirs, les indiens, les pauvres, et les femmes), les décisions de « justice » étaient très différentes suivant qu’on était riche ou pauvre, les riches, en payant, étaient exemptés d’aller à la guerre. La constitution de 1787 peut apparaitre sur le papier comme très démocratique, parlant d’égalité et de liberté d’expression mais elle a été rédigée par des possédants pour des possédants, réalisant un compromis entre les intérêts des esclavagistes du sud et ceux des affairistes du nord : par exemple, une clause interdisait aux états de « porter atteinte aux obligations résultant des contrats », ce qui revenait à mettre l’énorme machine gouvernementale avec ses tribunaux, ses lois, ses shérifs et sa police au service des privilégiés ; le premier amendement garantissant la liberté d’expression fut violé dès 1798 par une loi qualifiant de crime toute opinion malveillante contre le gouvernement. Les syndicats étaient jugés « illégaux » car coupables de «  conspiration  contre la liberté du commerce ».  D’autres clauses, comme le droit de lever et de percevoir des taxes allaient par contre être fermement appliquées, en usant de la force armée si nécessaire. (Un impôt spécial fut créé pour rembourser à leur valeur nominale la plus élevée les détenteurs de titres de la dette publique, soit un groupe très  restreint de gens fortunés) . Le statut des femmes restait entièrement soumis aux hommes : elles n’avaient pas le droit de vote, tout ce qu’elles possédaient ou gagnaient revenait au mari, à travail égal le salaire était quart ou moitié de celui d’un homme, elles étaient exclues des professions juridiques et médicales. Leur réhabilitation fut une longue lutte.

Une autre clause de la constitution ne fut pas respectée : dans la Constitution américaine, signée à Philadelphie en 1787,  les « pères fondateurs » avaient bien pris  soin de stipuler clairement, dans l’article 1, section 8, paragraphe 5 : « C’est au Congrès qu’appartiendra le droit de frapper l’argent et d’en régler la valeur. ». Mais les banquiers faisaient partie dès le début de la classe dirigeante et corrompaient le pouvoir politique en achetant des sénateurs et surtout les présidents dont ils assuraient la fortune personnelle et finançaient les élections ; ils convainquirent le président Washington de créer une « banque des Etats Unis » privée. Celle-ci ne dura que 20 ans,Lincoln leur échappa en créant le « greenback » pour financer la guerre de sécession mais, ayant financé l’élection d’assez de sénateurs et de députés, les banquiers firent voter par le Congrès en 1863 le retrait de la loi des Greenbacks et son remplacement par le National Banking Act (Loi des Banques Nationales, où l’argent serait créé avec intérêt par des compagnies privées).Lincoln fut assassiné au moment où il disait vouloir s’attaquer aux banquiers. Les banquiers finirent par légaliser leur pouvoir en faisant voter en 1913 la « loi sur la Réserve Fédérale » qui, sous ce titre trompeur, leur donnait plein pouvoir pour créer l’argent à leur guise, contrôler la masse monétaire et fixer les taux d’intérêt (voir l’article sur « le coup d’état des grands banquiers »).

Dans la mesure où il faisait corps avec le pouvoir politique, le capitalisme US n’a pas rencontré les limites qu’il pouvait y avoir encore en Europe du fait de l’autorité royale. La démocratie n’y est qu’une apparence destinée à calmer une population durement exploitée : une petite caste dans l’ombre fait et défait les présidents à cause des énormes sommes nécessaires pour financer une campagne électorale et parce que, les médias lui appartenant, elle canalise l’opinion publique sur 2 grands partis qui s’opposent sur quelques détails mais ne remettent pas en cause le système capitaliste. Toute l’administration US est essentiellement composée de banquiers et tous les présidents qui ont essayé de s’opposer à eux sont curieusement morts assassinés: Garfield après avoir fait un discours sur les problèmes monétaires, Lincoln avec son dollar « greenback », J.F Kennedy qui venait de signer un décret permettant à l’état de reprendre le contrôle de la monnaie. (Pour le président Kennedy, on a maintenant la preuve qu’il s’agissait bien d’un complot impliquant le FBI et Rockefeller, voir l’article dédié)

Cette petite caste capitaliste est particulièrement cruelle et n’a jamais hésité devant le meurtre pour satisfaire sa soif de pouvoir et d’argent : les ouvriers surexploités sont morts par milliers à cause de mauvaises conditions de travail, et quand ils se révoltaient, c’est l’armée qui leur tirait dessus ; le capitalisme ayant constamment besoin de croissance et de débouchés nouveaux, ils ont régulièrement envoyé leur population dans des guerres de conquête :contre le Mexique d’abord pour annexer le Texas, le Nouveau Mexique et la Californie , contre l’Espagne pour s’imposer à Cuba, contre les Philippines  cédées par l’Espagne où 70 000 soldats massacrèrent des milliers de philippins à la peau sombre (hommes, femmes, enfants, prisonniers, otages) pour garder une base stratégique vers l’Asie. Les guerres européennes apportèrent la prospérité aux industries d’armement et pendant la « guerre froide », ils surent entretenir les tensions avec l’URSS pour justifier un énorme budget militaire (50%, une partie de la caste vit des commandes militaires de l’état) alors qu’ils étaient 10 fois plus armés que celle-ci. Sous prétexte de faire la chasse aux « communistes », ils purgèrent de l’administration tous ceux qui avaient des idées un peu socialistes. Plus récemment, ce fut l’atroce guerre du Vietnam où des milliers de civils continuent de mourir du napalm déversé sur le pays, puis l’inutile invasion de l’Afghanistan et de l’Irak où on a peu parlé des centaines de milliers de morts civils dus à l’armée américaine. Contrairement à ce que tente de faire croire la propagande officielle, aucune de ces guerres ne visait à défendre les démocraties, toutes avaient des visées d’expansion économique. La preuve en est qu’ils s’accommodent plus facilement de dictateurs quand ceux-ci vont dans le sens de leurs intérêts que des démocraties qui n’y vont pas : en 1953, la CIA réussi à renverser un gouvernement démocratique en Iran qui voulait nationaliser le pétrole, et à restaurer le chah  Mohammad Reza Pahlavi (qui fut lâché à son tour plus tard lorsqu’il devint trop indépendant des intérêts américains); en 1954, au Guatemala, un gouvernement légalement élu fut renversé par des mercenaires entraînés par la CIA, soutenus par des avions de l’armée Américaine , pour installer un colonel dictateur (qui rendit les 95ooo ha que ce gouvernement avait confisqué à la United Fruit) ; en 1958, Eisenhower envoya des milliers de soldats au Liban pour conforter un gouvernement pro-américain ; en 1961, les forces entraînées par la CIA ratèrent le débarquement à Cuba pour renverser Fidel Castro qui avait repris 400 000 ha de terres à 3 entreprises américaines ; c’est aussi la CIA qui permit le renversement de Salvador Allende par le push du général Pinochet le 11 septembre 1973.

Toutes ces guerres enrichissent les grands capitalistes mais épuisent la population qui a toujours été  réticente à y aller : il a fallu à chaque fois ordonner la conscription et souvent y associer un choc psychologique : quand il a fallu déclarer la guerre à l’Espagne, un navire Américain a explosé dans un port Cubain, tuant tous les hommes d’équipage (mais pas les officiers invités à un repas à terre ce jour-là) ; pour la seconde guerre mondiale, ce fut Pearl Harbour (plusieurs témoignages laissent à penser que le haut commandement a été informé de l’imminence de l’attaque mais n’a pas prévenu le commandant de la base) ; pour la guerre en Irak, ce fut le 11 septembre 2001 (atroce à imaginer mais trop d’éléments contredisent la version officielle et prouvent l’implication de la haute administration US, voir la fiche correspondante).

Les guerres maintenant n’interviennent qu’en dernier recours car l’arme la plus efficace est la guerre idéologique : arriver à faire croire aux dirigeants d’un état que le «  néo-libéralisme » est un système économique incontournable, qu’il faut toujours moins d’état et laisser faire la loi des marchés, suffit pour que cet état se saborde lui-même et ouvre ses frontières à la concurrence déloyale des grandes entreprises surtout américaines, signant son arrêt de mort à plus ou moins long terme. Cette idéologie est à la base de la construction européenne : les dirigeants américains ont été très présents dans cette construction dont le but est la destruction des états nations européens et la mise sous tutelle de l’Europe par les grands capitalistes. Ce qu’on appelle « la mondialisation » n’est qu’une mondialisation de cette idéologie. (mais quelques états d’Amérique du sud, qui  ont été les premiers atteints, commencent à résister).

Les USA sont grandement responsables du désordre mondial actuel car les dégâts que leur présence guerrière (ou économique) méprisante pour les populations civiles a occasionné partout où ils sont passés ont entraîné le rejet des valeurs capitalistes occidentales et favorisé l’intégrisme religieux.

 

Source principale : « histoire populaire des Etats Unis » par Howard Zinn

 

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