Archives mensuelles : juillet 2019

Comprendre simplement l’arnaque bancaire

  Point n’est besoin d’être économiste (et peut-être même vaut-il mieux ne pas l’être pour ne pas avoir été formaté sur des idées fausses) pour comprendre comment devrait fonctionner un système monétaire et pourquoi celui qu’on nous a instauré ne peut conduire qu’à une impasse : un raisonnement logique inattaquable et accessible à tous permet de le démontrer très simplement.

La monnaie a été inventée pour élargir le troc à une communauté : au lieu que celui qui reçoit soit obligé de rendre un équivalent à celui qui a donné, elle permet de rendre l’équivalent à n’importe quel membre de la communauté. Pour cela, il faut introduire une mesure de la valeur du don, et que cette valeur se conserve dans le temps, pour permettre de rendre si on a reçu ou recevoir si on a donné pour la même valeur. Qu’elle soit scripturale ou matérielle, la monnaie n’est donc que l’écriture symbolique d’une mesure (cette écriture a d’ailleurs précédé les pièces comme le montrent les registres de l’Egypte ancienne), elle mesure la valeur de ce qui a été échangé, les vraies richesses étant ce qui a été donné (bien, service, transmission de savoir ou de savoir-faire, tout ce qui correspond à un travail) et ce qui sera acheté.

Pour que le système soit fiduciaire (digne de confiance), il faut que soient remplies 3 conditions :

_La mesure doit être exacte, approuvée par celui qui donne et celui qui reçoit, et le système ne doit pas autoriser les faux-monnayeurs, ceux qui se fabriquent une monnaie ne correspondant à aucune richesse réelle vendue.

_Comme toutes les unités de mesure, elle doit être étalonnée sur quelque chose de stable et pouvoir se conserver dans le temps sans modifier sa valeur.

_Elle doit être acceptée par celui à qui on veut acheter, ce qui suppose un accord de toute la communauté pour l’utiliser, ou des lois rendant son acceptation obligatoire comme c’est le cas pour la monnaie légale.

Nous avons actuellement une monnaie légale qui n’est pas fiduciaire car les 2 premiers points ne sont pas respectés :

_Les banquiers privés ordinaires ou de banque centrale créent « ex nihilo » (non pas « à partir de rien », ce qui est normal, mais « ne reposant sur rien » c’est-à-dire sans richesse réelle associée, ce qui est scandaleux) la monnaie que les particuliers ou les états leur empruntent : c’est exactement la définition du faux monnayeur (comme le faisait justement remarquer Maurice Allais, prix Nobel d’économie). Dès leur création, les banquiers ont été des orfèvres devenus malhonnêtes en émettant plus de billets qu’ils n’avaient d’or en dépôt. Au début, ce n’étaient que de petites quantités, environ 30% des dépôts qui, en temps normal, n’était jamais retiré. Actuellement, ils peuvent créer 20 fois plus de fausse monnaie que ce qu’ils ont en dépôt, sans compter que la monnaie en dépôt est déjà probablement de la fausse monnaie d’une autre banque. Ceux qui utilisent ensuite cette monnaie ne se rendent compte de rien car elle va être utilisée pour mesurer de vraies richesses et elle pourra servir à acheter de vraies richesses puisque l’état rend son acceptation obligatoire. Les seuls au courant de l’arnaque sont les banquiers et les politiques complices.

Cette arnaque est invisible pour la majorité mais a des conséquences visibles très graves dont la majorité a du mal à comprendre les raisons : tout l’argent quasiment mondial étant créé de cette façon, tout l’argent qui circule dans le monde  appartient aux banquiers et doit leur être rendu ; l’argent des intérêts n’ayant pas été créé, les dettes ne peuvent même pas être remboursées. Comment expliquer sinon que la dette mondiale soit égale à 3 fois le PIB mondial ? (Sachant en plus que le PIB est beaucoup plus important que la masse monétaire en circulation puisque un même billet qui participe à plusieurs transactions est compté plusieurs fois dans le PIB), comment une telle dette pourrait être remboursée ? Comment est-il possible qu’une dette soit plus importante que la masse de monnaie en circulation ? Pour masquer l’arnaque, il faut une croissance permanente pour que les nouveaux  emprunts permettent de rembourser les intérêts des anciens. Quand la croissance n’est pas assez importante, le système ne peut que s’écrouler, ce qui est le cas actuellement. Il est maintenu sous perfusion par le « Quantitative Easing », c’est-à-dire une production énorme de fausse monnaie quasiment sans intérêt par les banques centrales pour empêcher les banques de s’effondrer mais, comme elles s’en servent pour spéculer, cela  ne fait qu’empirer le mal en gonflant des bulles qui ne pourront que crever.

Les dettes aux banquiers sont complètement fictives mais servent à asseoir le pouvoir des banquiers sur le monde. Quand un faux monnayeur vous donne de la fausse monnaie, vous lui devez si vous êtes complice le prix de la fabrication, c’est-à-dire pas grand-chose quand il s’agit de taper des chiffres sur un ordinateur, un petit peu plus quand il faut imprimer des billets. La vraie dette que vous avez n’est pas envers le banquier mais envers la société car vous achetez avec cette fausse monnaie de vraies richesses et il faudra que vous produisiez ensuite des richesses pour la même valeur.

Et quand il s’agit de l’état, les conséquences sont encore plus grave : ce sont les banquiers qui dirigent la politique des états, obligeant à des politiques d’austérité pour rembourser ne serait-ce que les intérêts d’une dette exponentielle ; ce sont eux qui décident des investissements à faire, choisissant les plus rentables pour eux et non les plus profitables à la société, ce sont eux qui obligent la nation à se vendre pour essayer de rembourser une dette fictive.

_Le deuxième point qui rend notre monnaie légale non fiduciaire est le fait qu’elle ne conserve pas la valeur initiale :

. Elle n’est plus étalonnée sur rien. Elle a longtemps été étalonnée sur l’or qui avait un cours relativement stable mais n’était pas un bon étalon non plus : à quoi sert de pouvoir acquérir de l’or si le prix des aliments flambe en période de mauvaises récoltes ? L’or n’était intéressant que pour les commerçants internationaux car il permettait un troc quasiment universel. Pour les peuples, le véritable étalon doit être un panel d’articles de première nécessité, comme celui grâce auquel on calcule l’inflation; ou le taux horaire du SMIG par exemple, comme dans les SEL.  A noter que la très légère inflation qu’on nous décrit est complètement fausse car l’indice est trafiqué et il n’est pas tenu compte de l’inflation boursière qui est énorme.

. Le prêt avec intérêts et la spéculation permettent de modifier la valeur de la richesse associée sans avoir apporté de richesse supplémentaire et sont donc immoraux. La conjugaison du droit de création monétaire avec la spéculation permet aux banquiers de créer des sommes astronomiques d’argent fictif qui alimentent les bulles boursières mais permettent aussi d’acheter toutes les richesses réelles. Actuellement, 95% de l’argent créé sert à la spéculation, 5% à l’économie réelle.

Grâce à cette arnaque non dévoilée depuis des siècles, les (grands) banquiers sont devenus  si riches qu’ils ont pu corrompre presque toutes les institutions démocratiques. Ils sont, grâce à la complicité ou l’ignorance des politiques, devenus plus puissants que les états et sont en train d’établir dans l’ombre une dictature mondiale de type mafieux qui, si elle s’installe complètement, conduira certainement l’humanité à sa perte. Mais si nous décidons de ne plus utiliser leur monnaie et créons la nôtre, leur pouvoir s’effondre

Que faudrait-il donc pour que notre monnaie soit fiduciaire ?

_D’abord interdire les faux monnayeurs, qu’ils soient privés ou d’état : la monnaie ne doit être créée qu’en échange d’une richesse réelle vendue. Dans les échanges entre particuliers, elle est créée chez le vendeur, détruite chez l’acheteur, le contrôle de la véracité est fait par les 2 protagonistes et l’opération peut être faite par un logiciel, pas besoin de banquiers ! Dans les échanges entre un particulier et l’ensemble de la communauté, un serviteur de l’état par exemple, c’est à la communauté de décider combien il doit être payé et il peut être payé par création monétaire, pas besoin d’impôts : il a donné des richesses réelles à la communauté, elle le rembourse en lui donnant des richesses réelles à hauteur de l’argent créé pour lui. C’est donc la communauté qui doit posséder la banque centrale seule habilitée à faire de la création monétaire et uniquement pour des investissements collectifs : autoroutes, hôpitaux, services publics, protection de l’environnement. Et c’est la communauté qui déciderait alors sans contraintes où il faut investir et créer des emplois. Cet argent plein qui n’aurait à être rendu à personne permettrait d’enrichir tout le monde sans avoir à recourir à l’impôt sous réserve que la production des biens fondamentaux soit suffisante pour subvenir à tous. Le fait que la création de monnaie soit assujettie à une circulation de richesse réelle ne devrait pas créer d’inflation et pour éviter que certains ou que l’ensemble de la population devienne trop riche, il suffirait de décider d’un revenu et d’une capitalisation maximum.

_Ensuite toute variation de la valeur initiale doit être combattue, ce qui veut dire interdire les prêts avec un intérêt supérieur à l’inflation et interdire ou taxer fortement la spéculation. Les religions l’avaient bien compris à leur origine car toutes (sauf la religion juive) interdisaient l’usure.

Ces 2 conditions existent dans les SEL (Systèmes d’Echange Locaux) et les monnaies locales ou complémentaires : c’est vers eux qu’il faut se tourner avant la crise inéluctable et imminente qu’on nous promet. Le bitcoin sécurise les échanges entre particuliers mais ne correspond pas à nos critères car sa création ne correspond pas à une richesse vendue (simplement à un « minage » de fonctionnement) et elle est spéculative. La monnaie « libre » est une monnaie pleine mais n’est pas non plus créée lors d’une richesse vendue. Je propose pour ma part la « monnaie pleine citoyenne », seule à ma connaissance à répondre aux 2 premiers critères.